Absence

Ou ivresse?

J’ai regardé, j’ai écouté et je n’étais pas là, j’étais surpris de ne pas être là et pourtant, Clémentine, Julie, Sophie, Clément et Céline ont su prendre mon attention. Les exigences subtiles des collègues entretenait mon éloignement.

Cet été je n’ai pas pensé à mes futurs étudiants contrairement à certains autres étés où je m’étais amusé à cet exercice de l’impossible : penser à eux jusqu’à vouloir voir leurs visages ! Détruire le temps qui me sépare de l’instant où j’allais les découvrir. Se souvenir à l’envers !

Aujourd’hui il y avait des yeux brillants, pincement au cœur. Les nouvelles et nouveaux étudiants que je ne connais pas encore ne remplaceront ni Clémentine, ni Julie ni personne et me revient en tête cette citation de Li Tai Po :
« Vous me demandez quel est le suprême bonheur ici bas ? C’est d’écouter la chanson d’une jeune fille qui s’éloigne après vous avoir demandé son chemin ».

Stéphane

Et le vide | avril 2010



Je pourrais terminer ma série de photographies à l’Institut d’Arts Visuels d’Orléans* par le portrait de Stéphane. Pourtant nous ne sommes ni dans cette école supérieure de design ni à Orléans et Stéphane n’a été ni étudiant ni professeur à l’I.A.V.
Nous nous sommes croisés de nombreuses fois dans une maison amie sans jamais prendre le temps de nous parler. Avant l’instant de la photographie nous avions échangé quelques mots qui m’avaient donné envie d’en échanger encore d’autres.
Allongé dans l’herbe il devenait le vide qu’il observait et dans lequel on pouvait avoir envie de sauter! Je me suis senti complice de ce jeune directeur qui savait me parler du changement de nos écoles d’art comme d’une véritable aventure.

  • L’Institut d’Arts Visuels est devenu École Supérieure d’Art et de Design
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Caroline

Portrait n°1 | juillet 2009

Portrait n°2 | septembre 2009

Comme souvent, j’étais arrivé en retard et je m’étais dirigé vers la chaise vide la plus proche de la porte. Notre directrice parlait, elle s’interrompit brièvement pour me saluer sans me regarder. Nous étions une douzaine de professeurs autour d’une grande table improvisée avec plusieurs petites, dans une salle de classe au premier étage de notre école.
Je regardais chaque visage, tentais de m’immerger dans le discours. Il s’agissait de nous donner quelques renseignements sur l’avenir des écoles et notamment la notre mais aussi de parler de coordination, d’emploi du temps etc. Face à notre directrice Caroline écoutait, n’hésitait pas à poser une question ou donner un point de vue. Elle était vêtue d’un pull angora, clair et léger. Attentive à ce que disait notre patronne, rien ne semblait la distraire. Parfois elle consultait son iphone sur ses genoux sans s’absenter de la réunion. Je ne prêtais pas attention aux multitudes de gestes des uns et des autres.
Mon propre téléphone vibra dans ma poche. J’avais pensé à couper la sonnerie avant d’entrer dans la salle. Je le sorti de ma poche, dévérouillai le clavier pour lire le contenu du message que je venais de recevoir. Je crus d’abord à une erreur, il me fallu un bref instant pour comprendre que ce message venait de Caroline.
«- Je suis désolée de ne pas t’avoir rappelé. La semaine est passée sans que je m’en aperçoive…»
Sitôt lu j’ai relevé les yeux, Caroline me fit un sourire accompagné d’un clin d’œil. J’avais eu l’impression que ce message venait me réveiller ou que mon téléphone à travers son silence et celui des mots de Caroline était un œil secret, indiscret puisque celle qui me parlait me regardait et me souriait. J’avais eu l’impression d’une indiscipline aussi, nous étions dans une réunion sérieuse et cela me rapprochait des périodes où enfants on se jette un mot écrit sur un bout de papier froissé pendant que l’instituteur ou le prof parle.

Institut d’Arts Visuels, Orléans

2009-2010

Un projet personnel, pour tenir debout dans une école en mutation.

Photographier les étudiants, professeurs et autres acteurs d’une école d’art. Réaliser une sorte de fresque constituée de plusieurs photographies NetB. Portraits et scènes dans les ateliers. Poser un regard sur l’école, mon école mais aussi, peut-être, sur toutes les écoles dans cette période de régionalisation et d’européanisation. J’ai commencé par prendre quelques instantanés dans les moments de bilan de fin de semestre, de conseils de classe en 2009. Je continuerai au second semestre 2009 par faire des portraits d’étudiants et professeurs dans les salles de classe, dans les ateliers mais aussi chez eux?