Premier sentiment précédant un voyage qui me marquait profondément, c’était il y a vingt ans:
Juillet 1990
Je me réveillais de bonne heure pour voir et photographier l’œuvre récente d’une femme sculpteur dans le parc du centre d’art Contemporain de Vassivière en Limousin. J’ai regardé le soleil se lever derrière les grands arbres autant que l’œuvre moderne. Le silence m’aida à vagabonder avec facilité dans des pensées d’irréalité. Si j’avais la possibilité d’être en suspension, immobile au dessus du globe en mouvement verrais-je éternellement le soleil levant? La terre tournerait en dessous de moi et une fois par jour la Mongolie défilerait sous mes pieds.
Dans cet instant précis j’avais seulement du mal à envisager qu’une semaine plus tard je serais là-bas. Alors je photographiais la sculpture avec l’envie de préparer mes bagages comme pour partir partout ailleurs sauf en Mongolie puisque je pensais à elle sans pouvoir la voir, sans même jamais avoir eu le désir d’y aller.
Je n’avais qu’une envie : être prêt.
Aujourd’hui j’ai retrouvé le parfum de la Mongolie dans son Ambassade, et j’ai même regretté d’y voir peu de monde, j’aurais aimé attendre juste pour être déjà là-bas.
Et puis l’autre attente:
Août 1990
Je regardai le mouvement dans l’aéroport de Moscou en attendant l’avion pour Oulan-Bator. Grandes et minces les hôtesses de l’air russes ressemblent à toutes les autres hôtesses de l’air. Elles marchaient sur le sol brillant en se souriant mutuellement ou bien en regardant droit devant elles, rien d’autre n’existait qu’elles-mêmes. Leurs talons claquaient et signaient leur passage.
Une hôtesse de l’air est un aspirateur de regards.
Dans une semaine nous devrions attendre une nouvelle fois à Moscou et aujourd’hui je me souviens seulement du plafond de l’aérogare, étourdissant.