Ou l’esprit nomade ? | Mongolie 2010
Des champs de blé à perte de vue, des épis espacés et maigres à l’image de l’herbe dans une steppe proche du désert de Gobi. Les champs de plusieurs centaines d’hectares sont encadrés, clôturés pour éviter que les troupeaux de moutons, chèvres, chevaux, yacks ou chameaux ne s’y aventurent.
La ville est construite sur un modèle, les espaces intermédiaires, intervalles entre les bâtiments ont été aménagés pour être des morceaux de nature encadrés, protégés par des petites clôtures. Ce sont des espaces d’herbes, d’herbes fleuries ou de terre nue. Parfois il arrive qu’un arbre solitaire soit là, au milieu, un survivant des hivers rigoureux? ou bien cet autre que personne n’a planté au bord d’une plate-bande un peu plus loin. Les deux semblent autant égarés. Celui qui est au bord déborde de ses limites et le jardinier coupera la barrière plutôt que de couper ses branches, le couper lui-même ou le déplacer.
Sortis du centre ville ces espaces verts redeviennent des terrains vagues, les barrières qui les encadrent sont brisées, usées, absentes. Parfois ils tentent de redevenir des morceaux de natures aménagés lorsque les jardiniers s’en occupent. La terre est ratissée, tamisée, nivelée, le gazon est à nouveau semé, protégé par une mince couche de sable fin. Le piéton n’y verra pas une amélioration de son paysage. Son paysage ce sont ses propres parcours, ses chemins invisibles. Le travail du jardinier est une sorte d’intrusion sur le territoire du passant qui ne changera pas ses habitudes. Piétiner le travail de l’autre n’est pas plus irrespectueux qu’aménager des morceaux de nature sur de réels chemins invisibles.